vendredi 24 février 2017

Éleveur/ses suicide

http://m.20minutes.fr/rennes/2019939-20170224-bretagne-agricultrice-retrouvee-pendue-ferme-mari

Une jeune femme, éleveuse, se suicide parce qu'elle ''n'y arrivait plus''. Son mari l à retrouvée pendue dans sa laiterie à l'aube.

Image d'Épinal,  la réalité est toute autre

Horrible oui, mais cela montre à quel point la souffrance infligée aux animaux et ICI POUR RIEN OU PRESQUE RIEN et celle de l'homme qui l'inflige, ici de la femme ! concomitante, vont de pair, exactement. Le suicide de ces agriculteurs/trices en nombre effarant le montre.

Que l'on songe aussi au traumatisme de celui qui martyrise un animal ; à moins qu'il ne soit un robot ou pire, un sadique, cela NE PEUT PAS NE PAS LAISSER DE TRACES ET À TERME BOUSILLER. Les éleveurs dit-on, s'attachent à leurs animaux, cela se comprend, comment ne pas s'attacher à un veau, un agneau, un porcelet rigolo ? Qu'on songe à leur douleur aussi de devoir les tuer ou les faire tuer (et dans les conditions que l'on sait à présent) ! Lorsqu'on parle à des enfants de paysans, c'est en principe le leitmotiv CONSTANT de leur traumatisme, avoir vu tuer leur animal, TOUS les animaux, et la raison qui les a fondés à quitter la ferme, la campagne, la nature. Pour l'usine s'il faut ! Mon père, en Allemagne, en 40, prisonnier, fut affecté à une ferme, (malgré le peu de compétence pour ces travaux de l'étudiant en droit qu'il était) où il était aux petits (tout petits certes) oignons, le patron, âgé, fasciné par ce pays de cocagne qu'était pour lui la France, ne cessait de l'interroger, (il était germaniste) et même, très fier de ''son'' français, parisien de surcroît disait-il, l'amenait volontiers au village, pour faire des envieux. La nourriture était à l'avenant, chose exceptionnelle en cette période ! Un brave type que cet allemand je suppose car les services ''pro'' de papa ne devaient pas être à la hauteur de ce qu'il mangeait... mais voilà !  Il aurait pu couler une détention exceptionnelle, sans épuisement, respecté et (relativement) bien nourri, (c'est à dire comme eux), devenir un peu l'ambassadeur aimable et cultivé d'un pays qui faisait fantasmer tout ce brave monde.... s'il n'y avait eu des animaux à tuer et à cela il ne put se résoudre, si bien qu'il quitta volontairement la ferme ensoleillée et prospère où il avait sa chambre et la liberté de sortir dans le jardin pour une usine bruyante et toxique, un châlit dans une baraque d'un stalag fermée à clef près de Dachau où ils étaient nourris de rutabagas crus. Il n'était pas bouddhiste, ni végétarien, ni vraiment un héros, mais cela montre à quel point la souffrance de devoir infliger la mort ou seulement de voir tuer un animal est incommensurable. Sur ce coup, un héros, il l'a été ou l'a semblé, consentant à crever de faim, de froid (engelures) et aux coups pour ne pas SUBIR cela, lui qui mangeait avec un bon gros appétit par la suite jamais démenti et qui était un bourgeois habitué au confort.

Dans un magnifique film d'arte sur l'Anatolie (kurde) on voit des éleveurs de moutons dans la superbe et sauvage montagne du Dersim vivant (les enfants surtout) avec leur bêtes sans beaucoup de confort mais en totale osmose affective... la baignade dans l'eau qui semble bien froide... les femmes (super belles) incitant le troupeau à se baigner, j'ai eu un peu peur soudain, le visage de l'enfant peut être ? Et c'est ce que je redoutais...
L'horrible camion abattoir qui grimpe la cote de la montagne toute pelée, lourdement, et arrive soudain au campement où sèchent les bêtes  (et les femmes !) au détour d'un virage, tout à la fin...
Et là, C'EST UNE DES SCÈNES LES PLUS TERRIBLES, NON, POIGNANTES, NON... JE NE SAIS PAS LE MOT...  QUE J'AIE JAMAIS VUES.
LE PETIT BERGER ASSIS DEVANT LA PORTE, RECROQUEVILLÉ, EMBRASSE UN À UN SES AGNEAUX EN LES FIXANT LONGUEMENT DU REGARD,  TENANT LEUR JOLIE TÊTE NOIRE DANS SES MAINS, UN FIL NE PASSERAIT PAS ENTRE LES DEUX REGARDS, INTENSES, PLUS QUE CELA, CELUI DU GOSSE ET CELUI DE L'ANIMAL ACCROCHÉS L'UN À L'AUTRE, PUIS IL LES LÂCHE, LA PORTE S'OUVRE, ILS ENTENTE ET LA POETE SE FERME ETC... L'ÉCRIRE ME PERTURBE ENCORE ET J'EN RÊVE TOUT LE TEMPS...
MAIS que dire pour ce pauvre gosse contraint de vivre cela à chaque été ?
 http://journalphilozoique.blogspot.fr/2015/10/les-shawaks-danatolie-de-karim-oz-voir.html

 Pour les éleveurs ici, la seule ''justification'' est l'argent, les enfants qui font des études, la famille, l'image sociale aussi du bon type toujours aimable et généreux, respecté de tous ... Mais voilà lorsque cette image se démolit, lorsqu'on ne peut MÊMES PLUS PAYER SES TRAITES ou seulement cela, MÊME PLUS S'OFFRIR UNE JOURNEE VOIRE UNE HEURE DE REPOS SANS SOUCIS... c'est à dire lorsqu'on a conscience qu'on a plus ou moins vendu son animal AIMÉ POUR RIEN, hop, c'est le saut. Pauvres vaches, pauvres veaux, et pauvres éleveurs qui leur ont infligé cette vie d'exploitation qui est une presque mort... POUR EUX AUSSI !  ...
Qu'ont elles ressenti devant leur maîtresse en train de se pendre, ces vaches constamment gravides, constamment accouchant, et auxquelles on enlève constamment leur petit...  pour le tuer parfois devant elles ? Sont-ce leur douleur inimaginable, leur déchirure atroce qu'elles ont involontairement transmise à leur maîtresse ? elles ne peuvent se tuer,  la femme l'a fait pour elles.  Rien ne se crée, ni ne se perd, oui, à peu près disons à présent. .. MAIS CELA VAUT AUSSI POUR LES HORREURS MORALES, LES TORTURES AFFECTIVES (et physiques à la fois) !

Est-ce un hasard si ce sont les éleveurs qui parmi les agriculteurs se suicident le plus? Cioran "celui qui est capable de se tuer (pour une idée) est aussi capable de tuer" (pour rien) je cite de mémoire, c'est à dire que celui qui méprise la vie QUELLE QU'ELLE SOIT MÉPRISE AUSSI LA SIENNE ET PEUT SE L'ENLEVER AU MÊME TITRE QU'IL L'A OTÉE À D'AUTRES. 

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